Quatrième édition pour le festival Kadans Caraïbe, véritable « lieu d’échange et de réflexions autour du patrimoine culturel de ces îles lointaines d’Amérique centrale que l’histoire a rendues si proches de la France. » Tour d’horizon autour de la dimension spirituelle des musiques caribéennes.
Les questions liées à la spiritualité en matière musicale sont complexes mais passionnantes ; elles permettent notamment de saisir les dialogues qui opèrent entre la société et les pratiques artistiques. Les îles des Grandes et des Petites Antilles par exemple, toutes issues d’un métissage culturel, sont évidemment très liées à une histoire vieille de plus d’un siècle, celle-là même qui permet une identité en construction. On retrouve notamment, dans les musiques caribéennes, les fondements de la transmission musicale, où la dimension spirituelle tient une place prédominante, que ce soit dans les rituels religieux, les fêtes et autres rassemblements populaires liés à la vie de tous les jours… Un peu seul sur ce créneau dans le paysage marseillais, le festival Kadans Caraïbe, accueilli par la Cité de la Musique, recevra des artistes qui tissent des liens entre histoire des ancêtres et démarche artistique, transmission orale et création. La compagnie Boukousou présentera au public scolaire le spectacle Waka Douvan Jou, un conte chorégraphié autour de l’histoire de la Guadeloupe et de son fameux Gwoka, courant musical populaire du nom d’un tambour, souvent nocturne (joué et dansé pendant les léwoz, sorte de nuits blanches jouissives et ritualisées, à découvrir pendant le festival), mais également à l’honneur dans de nombreux autres moments de la vie. Sur fond de réalisme merveilleux, le spectacle présenté ici est une invitation au rêve, à la créativité, au dépassement de soi, à la générosité et à la solidarité liée à la communauté. Avec le spectacle No Night in Zion, Selah! Family raconte quant à elle en musique le mythe fondateur de l’église éthiopienne : la rencontre du roi Salomon et de la reine de Saba. Les voix en harmonies accompagnées de percussions (bass-drum et aké-tés) communient dans une cérémonie gospel afro-caribéenne où l’on chante, ensemble, au rythme des battements du cœur. Au programme, également, une table ronde sur les Musiques rituelles de la Caraïbe, une soirée Léwoz (on en parlait), un bal caribéen avec M. OaT et Dj Kako Phonie…
Partenaire de l’association Mamanthé, le festival demeure également fidèle à son credo de soutien et de solidarité, en favorisant les échanges interculturels notamment via des « ateliers solidaires » animés par le professeur de danse Amédé Nwatchok et les musiciens du groupe de musiques et de danses traditionnelles guadeloupéennes Massilia KA, qui accompagneront les élèves dans l’apprentissage des percussions et du chant… Rendez-vous est donc pris avec la transmission.
Murielle Lebon