Le 14 septembre à l’Alcazar, il y avait foule. Maryse Condé s’amuse en répondant aux questions de Mireille Sacotte et du public. Retrouver sa jeunesse perdue en écrivant son autobiographie a été une jubilation absolue pour l’auteur. Des bons mots, parfois très crus, viennent en contrepoint de la lecture d’extraits tragiques et génèrent des éclats de rire libérateurs dans la salle. La vie sans fards, sortie chez Jean-Claude Lattès, est le récit d’une Guadeloupéenne à la recherche de racines en Afrique mais aussi l’histoire d’une jeune femme qui défie les valeurs bourgeoises de ses parents, des «Grands Nègres». Insuffisant pour faire littérature ? Si Maryse Condé considère cet ouvrage comme «le plus universel» de ses livres, c’est parce qu’il dépasse l’histoire d’une quête personnelle. Il parvient à saisir le cheminement chaotique, sans phare, d’une femme et d’une mère. Jamais totalement victime, jamais entièrement bourreau, mais rongée par un sentiment de culpabilité lancinant. À toutes les questions concernant la condition de la femme noire, elle répond qu’elle refuse avec force d’être le symbole d’un concept qui n’a pas de sens. Certes, l’Histoire des décolonisations africaines est la toile de fond du récit de ses exils successifs : France, Guinée, Ghana, Angleterre, Sénégal. Mais elle dit avoir vécu ces moments dans le flou et l’incompréhension. Maryse Condé a su raconter, sans cette pudeur malhonnête qui est l’écueil de nombreuses autobiographies, ses années de dénuement, d’errance et de rejet ; et plus particulièrement celui des hommes qu’elle a connus.
JULIE SURUGUE
Octobre 2012
La rencontre littéraire avec Maryse Condé, organisée par Mamanthé, La Collective et le Comité Mam’Ega en partenariat avec l’association des Libraires de la Région Paca et Radio Grenouille, a eu lieu le 14 septembre à la BMVR Alcazar. Cette rencontre a été animée par Mireille Sacotte, professeur émérite à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris III. Lectures d’extraits : Françoise Donadieu, Françoise Sémiramoth et Lémy Lémane Coco.