Vendredi 12 avril 2019 – Rencontre avec Patrick Chamoiseau

Le Grand Saint-Barthélémy au coeur du Tout-Monde

Bibliothèque du Merlan
Centre urbain du Merlan
Avenue Raimu – 13014 Marseille
Horaires : 18h30 à 20h00
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

La bibliothèque du Merlan, le Merlan scène nationale, le Comité Mam’Ega, le Collectif des associations du Grand Saint-Barthélémy, les associations antillo-guyanaises de Marseille accueillent l’écrivain Patrick Chamoiseau pour une rencontre autour de l’histoire des migrants dans le quartier du Grand Saint-Barthélémy, qui par excellence a connu et connaît toujours diverses vagues de migration depuis sa création.

Cette rencontre est possible grâce au partenariat du Mucem.
Retrouvez Patrick Chamoiseau au Mucem les 13 et 14 avril pour deux journées de rencontres, lectures, musiques et performances :  «Les archipels de Patrick Chamoiseau». Plus d’informations sur www.mucem.org

Programme

Mémoire de la population
Expo et lectures de portraits d’habitants,
par les habitants du grand Saint-Barthélémy

Discussion avec Patrick Chamoiseau
animée par le journaliste Stéphane Galland

Lecture
Il y a des montagnes dans la mer
Proposée par Anaïs Enon, Karine Fourcy, Cécile Silvestri
Dans le cadre de la mission de témoignage et de sensibilisation de SOS Méditerranée
Témoignages de personnes sauvées par l’équipe de l’Aquarius, paroles de marins-sauveteurs, textes d’auteurs.
Accompagnement musical Massilia Ka

Patrick CHAMOISEAU

Né en 1953, à Fort-de-France en Martinique. Il est l’auteur d’une oeuvre considérable (Texaco, Solibo magnifique, Eloge de la Créolité, Ecrire en pays dominé, Antan d’enfance, Biblique des derniers gestes, Les neuf consciences du Malfini…) constituée de romans, de contes, d’essais et de textes inclassables, traduits en plusieurs langues, et qui lui ont valu de nombreuses distinctions, dont le Prix Carbet de la Caraïbe et le Prix Goncourt. Ses dernières parutions aux éditions du Seuil en 2017 sont : « La Matière de l’absence », salué par une critique unanime, et un flamboyant appel humaniste et poétique intitulé : « Frères migrants ». Il est aujourd’hui une des voix les plus influentes de la Caraïbe et un des écrivains majeurs du monde contemporain.

La poésie n’est au service de rien, rien n’est à son service. Elle ne donne pas d’ordre et elle n’en reçoit pas. Elle ne résiste pas, elle existe — c’est ainsi qu’elle s’oppose, ou mieux : qu’elle s’appose et signale tout ce qui est contraire à la dignité, à la décence. À tout ce qui est contraire aux beautés relationnelles du vivant.
Quand un inacceptable surgissait quelque part, Edouard Glissant m’appelait pour me dire : « On ne peut pas laisser passer cela ! » Il appuyait sur le « on ne peut pas ». C’était pour moi toujours étrange. Nous ne disposions d’aucun pouvoir. Nous n’étions reliés à aucune puissance. Nous n’avions que la ferveur de nos indignations. C’est pourtant sur cette fragilité, pour le moins tremblante, qu’il fondait son droit et son devoir d’intervention. Il se réclamait de cette instance où se tiennent les poètes et les beaux êtres humains. Je ne suis pas poète, mais, face à la situation faite aux migrants sur toutes les rives du monde, j’ai imaginé qu’Edouard Glissant m’avait appelé, comme m’ont appelé quelques amies très vigilantes.
Cette déclaration ne saurait agir sur la barbarie des frontières et sur les crimes qui s’y commettent. Elle ne sert qu’à esquisser en nous la voie d’un autre imaginaire du monde. Ce n’est pas grand-chose. C’est juste une lueur destinée aux hygiènes de l’esprit. Peut-être, une de ces lucioles pour la moindre desquelles Pier Paolo Pasolini aurait donné sa vie.

Patrick CHAMOISEAU